Interview Portrait d'Érik Nigon
Vice-Président et Entraîneur à Orlabay
Erik, qu’est-ce qui t’a amené à faire de la course au large ?
La maison familiale à Saint-Pierre-Quiberon m’a permis de naviguer dès mon plus jeune âge avec sœur et cousins : Optimist, 420, planche à voile… mais je ne me suis mis sérieusement à la compétition qu’après mes études d’ingénieur en rachetant un 5O5 à Marcel Buffet. J’ai attrapé le virus de ce dériveur incroyable et c’était parti pour 15 ans de Cinquo avec mon pote Pacôme sur les plans d’eau français plus quelques beaux voyages pour des championnats Europe et Monde.
En 2004 on est vice-champions de France de Voile Olympique et Sportive FFVoile et j’ai le sentiment d’avoir fait le tour (et un paquet de fois) alors que mes rêves me portent vers le large.
Je décide donc de me tester en solitaire en louant un 31.7 pour la Quadrasolo et convaincu par l’expérience, commande dans la foulée un Figaro 2 pour aller retrouver mes idoles !
Et comment s’est passé ton arrivée sur le circuit Figaro ?
Un peu compliquée… Je me rappelle ma première course, la Générali Solo. Je passe en tête la bouée au vent du premier parcours banane et me retrouve en fin de peloton dès la deuxième marque ! Grosse déprime quand je vois le niveau sur les manœuvres en particulier et au ponton c’est pas vraiment la fête, l’ambiance n’est pas partageuse…
Je réalise que si je suis là pour le plaisir (je bosse la semaine en étant un des directeurs de l’informatique d’AXA) la grande majorité des copains sont eux au boulot… Heureusement que pour le moral il y a Kito (de Pavant) et Sam (Davis) qui m’ont donné les codes, des tips et leur amitié.
Tu as pu progresser grâce à eux ? As-tu eu des résultats en tant qu’amateur chez les pros ?
Oui grâce à eux mais aussi au Pôle France de la Rochelle et Gérald Véniard, j’ai pu progresser. Je me rappelle d’un podium à une sélective aux Sables mais mon objectif était la Transat AG2R 2006. On rame jusqu’à Madère puis on fait une super trajectoire dans les alizés pour terminer 13 sur 28 juste derrière Sam et en plus c’est Kito qui gagne !
Je ferai ensuite la Solitaire en 2007 et repars sur l’AG2R 2008 où je fais un top 10
En ensuite c’est l’escalade ?
Un peu oui, ces Transats me donnent envie de faire la Route du Rhum et je commande donc un Class40 à JP Kelbert avec lequel je fais la Solidaire du Chocolat en 2009 (top 10) mais le convoyage retour du Mexique se passe mal, je perds mon bateau qui s’est mis la quille en l’air sur une vague et me retrouve en décembre 2009 sans bateau pour le Rhum 2010.
La rencontre avec Lalou (Roucayrol) qui revient de la Transat Jacques Vabre est décisive et il me convainc bien sûr de passer au multicoque… J’achète un Multi 50 (maintenant Classe Ocean Fifty), un ancien 60 pieds Orma recoupé en 2006 avec lequel je passerai les 7 prochaines années. Trop génial le multi même si en solo c’est un peu stressant …
Après un Top 5 sur le Rhum 2010 j’enchaîne ensuite Transat Jacques Vabre, Québec-Saint-Malo, Rhum à nouveau et finis mon aventure multi en 2016 sur la Transat Anglaise, de loin la course la plus dure mais une arrivée magique à New York !
J’en ai tellement bavé sur cette Transat que je me dis que je pourrais bien faire un Vendée Globe maintenant… et achète en 2017 l’Imoca Bureau Vallée et vise le VG 2020.
A noter que pour passer plus de temps sur l’eau, j’ai aussi armé sur ces années un mini 650 série (Argo 848) puis un proto Lombard (le 709) avec Franck Colin. Et fais aussi quelques piges en IRC du coté de Marseille.
En 2018 je découvre l’IMOCA en solo fais un top 10 sur la Route du Rhum puis enchaîne sur la Jacques Vabre 2019 où je croise Clément Giraud qui perd son bateau sur un incendie dans le bassin Paul Vatine.
Sans bateau pour se qualifier pour le VG je lui propose le mien pour faire une Transat de Qualification en 2020 et c’est là que le Covid débarque …
Je n’arrive pas à trouver le financement pour mon propre VG et prête mon bateau à Clément qui lui a trouvé des sous (pour qu’au moins mon bateau fasse le tour).
On fera ensuite ensemble la TVJ 2021 avant que je vende mon bateau à Sébastien Marsset qui s’engage sur le VG 2024 et que j’accompagne dans le team Foussier.
Et maintenant à part ton rôle de consultant dans le team de Sébastien ?
Je souffle… Prés de 20 ans à gérer une approche la plus professionnelle possible de la course au large, être mon propre armateur tout en ayant un job à responsabilités ça fatigue un peu…
Je vis maintenant à plein temps à Etel et Yves le Blevec m’a parlé en 2022 d’un nouveau centre d’entraînement à la course au large basé à la Trinité : Orlabay
Etant de nature un peu« actif »… j’ai bondi sur l’occasion de pouvoir partager mon expérience et d’aider au développement du Centre. J’en suis avec Yves un des deux Vice-Présidents et donne un coup de main à son Directeur Daniel Souben pour des entraînements et du coaching. Je m’occupe en particulier des Class40 « pointus » et assiste Vincent Biarnès sur des entraînement IRC solo et double.
Et c’est tout ?
Presque … J’apporte beaucoup d’importance au développement d’Orlabay et continuerai de m’y investir de plus en plus fortement mais ça ne m’empêchera pas de saisir en plus d’éventuelles opportunités… Je suis par exemple sur un projet de TJV 2027 sur un Class40 scow en tant que co-skipper et tant que le physique suivra je regarderai attentivement les projets de Transat sur ce type de plateforme…
Quelques questions à Antoine Croyère
Orlabay Centre d’Entraînement Course au Large FFVoile
Pourquoi la Fédération Française de Voile a-t-elle créé ce label de Centre d’Entrainement à La Course au Large ?
Ces centres ont tendance à se multiplier en France avec le développement de la course au Large. C’est Lorient-Grand-Large qui a initié ce type de structure il y a une dizaine d’années. Plus récemment, d’autres centres se sont créés, en particulier en Vendée, à La Rochelle, à Saint-Malo, à Concarneau…, et il y a deux ans à La Trinité avec Orlabay. Ces centres répondent à une demande et ont pour missions d’entraîner et de préparer des coureurs à des transats notamment. Il était donc normal que la Fédération Française de Voile vienne à les reconnaitre de façon différente qu’elle reconnait les clubs de voile tels que la SNT. La Fédération Française de Voile a donc décidé, il y a quelques mois, de regrouper ces structures autour d’un label d’exigence. Orlabay est le premier centre en France à avoir répondu à l’ensemble des critères d’éligibilité. Nous en sommes fiers et heureux.
Port La Forêt qui entraîne principalement les Figaro n’en fait pas partie ?
Port Laf, comme on l’appelle, et de son vrai nom Pôle Finistère Course au Large, jouit d’un statut particulier unique en France. Il est rattaché au ministère des Sports, via la Fédération Française de Voile et dispose de moyens humains, matériels et surtout financiers incomparables. Il entraîne essentiellement des professionnels en Figaro 3 et en Imoca…
Et comment s’est déroulée la cérémonie de remise du label ?
Le Président de la Fédération Française de Voile en personne, Jean-Luc Denéchau, avait fait le déplacement. Nous en avons été très honorés. 150 à 200 personnes avaient répondu à notre invitation, ce qui est vraiment bien en plein mois de février et lors d’un week-end de grève des trains. De nombreux élus et plusieurs personnalités de la voile étaient présentes. Nous sommes très reconnaissants à Yves Normand, le Maire de La Trinité-sur-Mer, d’avoir mis les salons de la Mairie à la disposition d’Orlabay…, on ne pouvait pas rêver un meilleur cadre… !
Figaro 3 Orlabay sur le Tour Voile 2024
Pourquoi s’être lancés dans ce projet « TOUR VOILE 2024 en Figaro 3 » ?
J’aime rappeler qu’Orlabay est une association que nous essayons de gérer comme une entreprise, avec rigueur et en initiant des projets pertinents… Le Centre a aujourd’hui deux ans d’activité. Il était donc bien de réfléchir à son développement. Notre intérêt s’est porté sur le Tour de France à La Voile qui, dans le temps, a formé des bataillons de jeunes à la course au large. Cette course par étapes est dénommée dorénavant Tour Voile. C’est une course qui a retrouvé de belles couleurs, avec aujourd’hui comme support le Figaro 3. Nous avons très vite compris qu’inscrire un bateau Orlabay sur cette épreuve était totalement en phase avec les missions du Centre. Et c’est bien naturellement que Daniel Souben, plusieurs fois vainqueur du Tour de France à La Voile, a pris en main ce projet. Huit jeunes voileux talentueux du territoire, issus pour la plupart de la voile légère, ont été sélectionnés pour faire les 4 ou 5 courses de la saison ouvertes au Figaro 3 en équipage. L’idée, c’est de retrouver plus tard ces jeunes sur le circuit Mini 6.50 ou sur la Solitaire du Figaro ou même en Class40…
Quelles sont les ambitions du centre sur ce projet ?
Avec Daniel comme manager, Orlabay ne devrait pas faire que de la figuration… Les entraînements ont commencé. Le figariste Pep Costa devrait être confirmé comme skipper. Et c’est Corentin Horeau qui sera le parrain du bateau. Le baptême est programmé pendant le SPI Ouest France, le dimanche 31 mars à 18h30 sur le Môle des pêcheurs. Tout le monde y est invité.
Le bateau est-il loué et comment financer une telle opération ?
En effet, le bateau est loué. C’est celui du figariste Erwan Le Draoulec. Il s’agit d’un Figaro 3 bien préparé.
Côté budget, en « serrant les boulons », il s’élève pour la saison à un peu plus de 100 000€, location du bateau et assurances comprises. Pour le financement, on a imaginé de s’appuyer d’une part sur un club d’entreprises donatrices, dit CLUB ORLABAY, comprenant une quinzaine d’entreprises nautiques et maritimes du territoire, Orlabay étant reconnue d’intérêt général, donc éligible au mécénat, peut délivrer des reçus fiscaux… ; et d’autre part on s’appuie sur un sponsor-titre qui apportera 30 ou 40 000€… Le problème, c’est que nous sommes toujours à sa recherche… En attendant de le trouver, le bateau s’appelle Orlabay…
Orlabay – Croisière Hauturière
Sur un autre sujet, parle nous d’Orlabay Croisières Hauturières dit OCH…
Nous ne sommes plus là sur des projets sportifs mais répondons toutefois à une demande. Nous venons de terminer un second cycle de 8 ateliers destinés aux skippers qui ont des projets de navigation au large, vers Madère, les Açores, l’Irlande ou l’Ecosse… Une moyenne de 10 à 12 personnes a répondu présentes.
Les sujets traités ?
Ils sont multiples et doivent permettre aux skippers partant pour une navigation au large de plusieurs jours d’être plus à même de gérer un problème, qu’il soit d’ordre médical, mécanique, de gréement, de navigation ou de sécurité…
J’en profite pour remercier tous les participants pour l’intérêt qu’ils ont porté à ces ateliers et remercier plus particulièrement les formateurs, tous spécialistes de leur domaine : Erik Nigon qui a su faire partager sa très grande expérience du large, Xavier Robert d’Atelier-Cable, Yves Le Moal de l’Afpa d’Auray, le Dr Gilles Croyère, Jean-Luc Bale, et particulièrement Henri Clavier qui a coordonné ces ateliers…
N’hésitez pas à parler de ces formations autour de vous pour 2025 !
Les Skippers Orlabay engagés dans les Courses à venir
Plastimo Lorient Mini 6.50
Départ le 4 avril 2024
Depuis 2014, avec comme Directeur de course Yves Le Blevec, la Plastimo Lorient Mini 6.50 ouvre la saison de la Classe Mini en Atlantique et se positionne cette année encore comme véritable moteur dans l’accès aux femmes à la course au large. En effet, pour sa 10ème édition, la Plastimo Lorient Mini 6.50 se disputera sur un format de double mixte. 65 équipages vont se mesurer sur un parcours d’environ 250 milles entre Lorient, Penmarc’h et l’Ile d’Yeu, dont 6 duos Orlabay que nous vous présentons…
En Proto :
Lucas Domage et Léa Le Callonec à bord du plan Manuard, One Life n°433
Erwan Lebeau et Marielle Delambre à bord du plan Bertrand, Pour France Alzheimer n°753
Mathis Bourgnon et Florence Migraine-Bourgnon à bord du plan Bertrand, Liliwip n°934
Hélène Sohier et Antoine Lauriot-Prevost à bord du plan Verdier, Coeur Nature – Cherche Partenaire n°958
En Série :
Vincent Giraud et Cécile Helleringer à bord du Pogo, Cubitus n°550
César Frigola et Anouk Laurens à bord du Vector, Résilience n°974
Cap Martinique
Départ le 14 avril 2024
Dans moins d’un mois, le 14 avril, 21 équipages Orlabay vont s’engager sur la Cap-Martinique, la transatlantique qui relie La-Trinité-sur-Mer à Fort-de-France. 61 bateaux en double ou en solitaire skippés par des marins non professionnels, vont relier la Bretagne à la Martinique au profit, chacun d’une association.
En Duo :
Amalric Pierre-Henri, Sallé de Chou Bruno (L’Envol / Figaro 2 )
Baseden Harold, Cathelineau Thaïs (Vaincre la Mucovicidose / JPK 10.10)
Bastard Eric, Castelnau Alexandre (L’Arche La Belle Porte / JPK 10.10)
Branchet-Allinieu Jean-Christophe, Le Guern Francois (Rêve de clowns / Sun Fast 3200)
D’Aboville Vianney, Ropartz François (Parrains Marins pour Enfants du Mékong / JPK 960)
Dumortier Amaury, Thiriez Geoffrey (Terre d’enfants sur l’Atlantique / Figaro 2)
Foucart Michel, Gindre Yann (A Chacun son Everest /J 97)
Gerin Victor, Gerin Oscar (Planéte Urgence / JPK 960)
Graffan Bernard, Strube Nicolas (EHPAD Saint-Léger / JPK 10.10)
Grimaud Nicolas, de Fougerolles Thierry (Institut Pasteur /Figaro 2)
Lecat Ivan, De La Rivière Gwendal (Le Rocher / Pogo 30)
Lunven Olivier, Lunven Vincent (Association FERDINAND / J 99)
Manuel Edouard, Manuel Joseph (Petits Princes / Sun Fast 3200)
Racine Noël, Senechal Ludovic (FOP France Maladie de l’Homme de Pierre / JPK 10.30)
Ravel d’Estienne Alexis, Prevost Jean-Baptiste (Initiatives Grand Largue / Ofcet 32)
Riché Stanislas, Leblanc Marc (Artic / Ofcet 32)
Rosen Jacobson Robert, Mac Donell Finlayson Calanach (SNSM La Trinité-sur-Mer / Sun Fast 3300)
Semaille Bertrand, Debry Tristan (ASA Madagascar / JPK 10.30)
En Solo :
Benoiton Philippe ( Passe Coque / JPK 10.30)
Fourmond Bertrand ( ALPHA Sablé / JPK 10.30)
Vian Régis (Ecole Jules Verne / JPK 10.10)
The Transat CIC
Top départ le 28 avril
Vendredi 15 mars se tenait la conférence de presse pour lancer The Transat CIC. En effet, le 28 avril prochain, 33 skippers en IMOCA et 13 en Class40, dont 5 bateaux Orlabay
En Class40 :
Good Morning Futur – 123 – Anatole FACON
IBSA – 186 – Alberto BONA (vainqueur du championnat l’an dernier)
Project Rescue Ocean – 162 – Axel TREHIN
Bleu Blanc Planète Location – 205 – Quentin LE NABOUR
En catégorie Vintage :
Uship pour Enfants du Mékong- 972 – Patrick ISOARD
Tous s’élanceront depuis Lorient direction New York City au fil d’un parcours particulièrement exigeant dans l’Atlantique Nord,
Les Entraînements Orlabay se poursuivent
Mini 650
Depuis janvier les entraînements ont repris pour les Mini 6.50 Orlabay sous la direction de l’entraîneur Vincent Keruzoré. Objectif préparation pour la Mini Transat 2025 et au programme, briefing, navigation en Baie de Quiberon et formation sur le code RIPAM, le Règlement International Pour Prévenir les Abordages en Mer, étant les règles de barre et de route qui visent à prévenir tout risque d’abordage…
IRC Double et Solo
De même pour les IRC Double et Solo 4 stages, en particulier pour préparer la Cap Martinique, se sont déroulés depuis Janvier sous la houlette de l’entraîneur Vincent Biarnès. Programme IRC – entraînement sur l’eau
Les 16 et 17 Mars, Erik Nigon a lui coaché 6 First 31.7 en vue du Spi Ouest-France – Banque Populaire Grand Ouest.
